Premier article d’une série sur la qualité du travail à fournir, je vous propose d’explorer les défauts des articles et de voir ce que l’on peut en faire.
Produire des articles à la main, donc artisanalement, est souvent source de production de défauts. Découpes ratées, parages ratés, coutures approximatives, non régulières… Les sources de défauts sont trèèèès nombreuses.
Beaucoup de gens pensent que les défauts rendent plus crédibles les articles faits à la main et, que c’est en ceci qu’on différencie un article fait main et un article fait de manière industrielle.
S’il est juste de dire que chaque article produit à la main est unique parce qu’il peut comporter de légères particularités lors de sa fabrication, il ne faut pas confondre ces particularités infimes et des défauts liés à un manque de rigueur, voire de technique.
Car cette pensée reflète avant tout un processus au long cours présent dans nos sociétés modernes : la baisse de niveau. On ne pense plus en termes de qualité et il « suffit » de baisser le niveau pour que tout le monde s’y retrouve : moins de qualité c’est moins de temps passé sur la réalisation des articles et donc des articles moins chers, CQFD.
Spirale infernale qui tire la qualité vers le bas.
Au commencement était le regard critique
Lorsqu’on réalise un article à la main, la première chose à exercer c’est son œil (les deux c’est encore mieux). Plus on sait observer et plus on est à même de voir les défauts et de les corriger. Sans regard critique on se contente d’un article médiocre, et on dit que c’est comme ça parce que « c’est fait à la main ».
Vint ensuite la main
Une fois que l’on sait observer il faut agir, et exercer ses mains à faire mieux. Dans le travail sur le cuir on pourra ainsi donner un meilleur coup d’abat-carre, faire une meilleure finition de tranche, de meilleurs parages et surtout une couture plus propre et régulière.
Une fois qu’on a allié l’œil à la main, on obtient… De l’artisanat ! Et mieux, on obtient de l’artisanat de qualité parce que l’artisan va chercher à toujours améliorer ses produits, ses techniques, son savoir-faire. Cela s’appelle l’expérience.
Je vois beaucoup trop de gens qui se contentent de cet adage « c’est fait main donc ce n’est pas grave si ce n’est pas très bien fait« , alors qu’il est possible, avec beaucoup de travail et d’acharnement, de faire mieux, de faire bien.
Sans travail pas de résultat
Pour être totalement honnête je me dois d’appliquer ce que je viens de dire à ma propre activité. On me reproche souvent de « pinailler », de m’arrêter sur des détails. C’est vrai. Je le fais parce que ce qui m’intéresse dans ce que je fais c’est de toujours pousser mon niveau, de faire qu’un article sera mieux réussi que le précédent. Et il n’y a pas de secret, pour ça il faut s’exercer, s’exercer et encore s’exercer.
Par exemple sur la photo qui illustre cet article on voit clairement que les coutures ne sont ni régulières ni droites. Heureusement il ne s’agissait pas d’une commande mais d’un article d’entrainement exécuté pour offrir un étui à l’un de mes outils.
Il m’est même déjà arrivé de recommencer un article pour une commande parce que je n’étais pas satisfait du résultat. Et lorsque j’ai commencé à être formé il m’a fallu refaire, refaire et refaire parce qu’à chaque fois je voyais ce que j’avais mal fait, et je tentais de l’améliorer encore et encore jusqu’à obtenir un résultat satisfaisant. Pas parfait, c’était impossible, mais satisfaisant. Et à chaque nouvel article je pousse cette logique un peu plus loin, et ce qui était satisfaisant hier ne l’est plus aujourd’hui, ainsi le niveau monte petit à petit. C’est comme ça que j’en suis arrivé à être capable de vous proposer certains articles à la vente, et à chaque vente les commentaires du style « très bon travail » ne font que confirmer ce que je disais au début : il est possible de faire mieux et de ne pas se laisser gagner par la logique de baisse de qualité.
En conclusion
Chercher à voir ses défauts est un gage de qualité. En acceptant que ce que l’on fait n’est pas parfait on s’ouvre la voie pour améliorer ce que l’on fait.
N’hésitez pas à me dire si pour vous « fait main » rime avec qualité.